Faubourg-Chapitre 14

Le Séminaire de Québec

Robinson et Don venaient d’arriver devant l’ensemble des bâtiments du Séminaire de Québec. Il s’agissait de quelques-uns des plus vieux bâtiments de la ville ; la construction avait débuté dès le début du régime français au XVIIe siècle. On y trouvait une dizaine d’édifices de différents gabarits, de factures relativement similaires, qui respectaient l’architecture française. La Cathédrale Notre-Dame jouxtant l’ensemble, pourtant impressionnante en soi, faisait presque pâle figure devant ces immeubles majestueux.

On y trouvait le Petit Séminaire destiné aux garçons qui suivent le cours classique, une formation inspirée des collèges des Jésuites, et le Grand Séminaire qui s’occupe de la formation des futurs prêtres. Derrière cet ensemble, un nouveau bâtiment conçu par l’architecte Baillargé venait d’être complété afin d’accueillir l’Université Laval. Il s’agissait du plus grand immeuble du lotissement, avec sa toiture plate qui devait offrir une vue totalement dégagée sur le fleuve et la ville.

Les deux détectives s’arrêtèrent devant l’espace qui servait d’entrée. Alors que Don adoptait un air de respect, Robinson était plutôt impressionné par ce qu’il voyait. À gauche de l’entrée, une maison semblait accueillir quelques magasins. Tout juste derrière, une chapelle. Au centre, au fond de la petite cour d’entrée, on apercevait un passage sous le bâtiment d’en face qui menait à une cour intérieure. Robinson décida d’avancer dans le passage, suivi timidement par Don. Il se retrouvèrent devant une immense cour intérieure entourée de trois côtés. Des enfants en uniforme s’agitaient, criaient et s’amusaient avec des balles et des ballons.

— Monseigneur a son bureau dans cet immeuble, dit Don en indiquant qu’il fallait retourner sur leurs pas.

Les détectives trouvèrent facilement la porte d’entrée de l’immeuble de trois étages dont plusieurs lucarnes perçaient le toit pentu. Ils demandèrent au jeune homme en soutane derrière le comptoir de voir Mgr Taschereau. Après s’être informé à leur propos, il monta un étage et revint après quelques minutes, invitant les deux hommes à le suivre.

Robinson et Don enlevèrent leur chapeau en entrant. Mgr Taschereau était assis à son vaste bureau en chêne ; il écrivait. Les deux hommes firent le pied de grue pendant quelques instants. Enfin, l’homme d’Église daigna lever la tête vers eux et leur dit sans leur sourire.

— Entrez donc, Messieurs.

Puis, il se leva et contourna le bureau afin de s’approcher d’eux. C’était un homme grand, presque autant que Robinson, plus mince cependant. Il avait un beau visage long et sévère, de petits yeux, des joues glabres et une tête presque chauve. Il avait tout de l’aristocrate français, l’austérité en plus. Pourtant, Mgr Taschereau était un fils d’ouvrier canadien-français. Son vêtement était impressionnant : soutane et ceinturon rouge écarlate, grande croix pectorale. Il portait une calotte rouge sur la tête.

En marchant vers le séminaire, Don avait donné à Robinson quelques informations sommaires sur le personnage : Elzéar-Alexandre Taschereau. Jeune séminariste, il avait parcouru l’Europe pour se familiariser avec le système d’enseignement européen. Il y avait également perfectionné sa culture. Il parlait l’anglais et l’italien parfaitement ainsi que les rudiments de quelques autres langues européennes. Il avait obtenu à Rome un doctorat en droit canonique. Il avait enseigné les sciences au séminaire alors qu’il était encore très jeune. Il avait aussi participé à la fondation de l’Université Laval dont il était l’actuel recteur. On lui reconnaissait une culture peu commune, une grande force de caractère et surtout une discipline personnelle qui le servait bien dans son rôle actuel. Dans la jeune quarantaine, on le pressentait déjà pour devenir le futur Archevêque de Québec.

Le voyant arriver vers lui, Don s’approcha à son tour, se courba exagérément, prit la main que l’évêque lui tendait mollement et embrassa sa bague. L’anglican Robinson, peu familier avec les coutumes des catholiques, se contenta de faire un petit salut du buste. L’évêque les invita à s’asseoir en face de son bureau.

— Que me vaut donc la visite de la police ? demanda l’ecclésiastique dans un anglais impeccable d’une voix plutôt impatiente.

— Pardonnez-nous cette intrusion, répondit Robinson. Nous sommes en pleine enquête pour meurtre.

Don constata que, cette fois, Robinson abordait le sujet de front. Il avait dû évaluer que le personnage en face de lui ne serait pas sensible à ses précautions habituelles. L’évêque regarda Robinson d’un œil torve en attendant vraisemblablement la suite.

— Connaissez-vous le Music Hall de Québec ?

— Bien sûr, la Salle de musique.

Après un silence que Robinson espérait être comblé par l’ecclésiastique, il se résigna à ajouter.

— Une femme qui y travaillait est décédée la semaine dernière. Vous la connaissez peut-être : il s’agit de Mme Alma O’Connell.

— Ce nom ne me dit rien.

— Et monsieur Antoine Dessane.

— Oui, certes. Monsieur Dessane a été un temps Kappelmaister de la Cathédrale.

— Vous savez qu’il est le directeur actuel de la Salle de musique ?

— Non, mais cela ne m’étonne pas. C’est un excellent musicien.

Robinson commençait à être à court de questions. Alors devant les réponses laconiques de l’évêque, il décida de foncer sans détour.

— Êtes-vous un ultramontain, Monseigneur ?

Cette question fit légèrement changer le visage de l’ecclésiastique qui avait été de marbre jusqu’à maintenant.

— Bien sûr que non. Ces personnages ne font pas de bien à notre Église. Pourquoi cette question ? dit l’évêque, légèrement exaspéré. Vous me faites perdre mon temps.

— Pardonnez-moi cette question, Monseigneur, mais j’ai vraiment besoin de vos connaissances pour comprendre ce qui se passe dans cette affaire.

L’évêque reprit son visage marmoréen et son silence. Robinson continua.

— Mme O’Connell, la victime du meurtre, jouait un rôle important à l’Académie de musique. Elle était gérante et organisait différentes activités : spectacles, concerts, conférences, lectures de romans et de pièces de théâtre.

La statue de marbre en face de lui gardait toujours le silence. Le détective continua.

— Nous pensons qu’elle aurait été assassinée en raison de ses activités. Vous n’êtes pas sans savoir que certains groupes dans l’Église catholique réprouvent ce genre d’activités, en particulier lorsque ce sont des femmes qui y sont engagées.

— Certains ultramontés. Oui, je sais.

— Vous en pensez quoi ?

— Je n’approuve pas leurs exagérations.

Toujours le silence. Décidément, il fallait tirer les vers du nez du personnage. Alors Robinson repartit sur un nouveau chemin.

— Se peut-il qu’il y ait en votre sein, je veux dire ici au Séminaire, des hommes qui adhèrent aux idées ultramontaines ?

— C’est possible, en effet.

— Pouvez-vous nous fournir des noms

— Monsieur, je ne peux pas connaître tous mes séminaristes. Ils sont près d’une cinquantaine ici.

— Pouvez-vous alors m’indiquer une personne qui sera en mesure de le faire ?

— Le portier du Parloir, là où séjournent les séminaristes… Ce sera tout, Messieurs.

Don et Robinson se levèrent et saluèrent Mgr Taschereau, celui-ci ne se leva pas de son bureau.

En sortant de l’édifice. Robinson dit :

— Pas commode, le bonhomme.

— Un peu de respect pour un évêque, Silas.

Ils retournèrent sous le passage voûté, se retrouvèrent dans la cour intérieure qui était plus calme, les enfants étant revenus en classe. Ils tournèrent à droite vers le parloir, entrèrent et trouvèrent là un jeune homme en soutane.

— Nous voulons voir le portier.

— Chouinard ? Il est à la chapelle pour la messe.

Les deux détectives revinrent sur leurs pas, reprirent le passage voûté et entrèrent dans la chapelle extérieure qui se trouvait à droite. 

À l’entrée, Robinson aperçut un homme se tenant tout près de la porte. Très grand, il portait un paletot sombre qui lui tombait jusqu’aux genoux. Il tenait dans sa main un chapeau melon. Le détective reconnut facilement le portier d’après la description donnée par le jeune homme au parloir. Don et lui se placèrent tout près de lui, n’osant pas l’interrompre tellement il semblait accaparé par la liturgie.

L’anglican Robinson n’était pas dépaysé par cette célébration catholique qui se déroulait en latin. Marié à Rosalie, une fervente catholique, il avait souvent assisté à la liturgie romaine. Il connaissait suffisamment le rite catholique et le latin pour être surpris par ce qui sortait de la bouche du portier. L’Ave Maria devenait « Nagez, Maria », et la finale de la prière était encore plus étrange : In hora mortis nostrae, amen s’était changé en « La p’tite Laure à Narcisse et la grosse Philomène ». Tout le reste était à l’avenant. Les formules se transformaient en un salmigondis des plus drôles : Et renovabit devenait « le traîneau va vite », A porta inferi, « apportez la ferrée », Sedes sapientiae, « ses treize sapins sciés », Mors stupebit, « marches-tu, bibitte », Benedictatu, « l’bom’ Baptiste Têtu », Vas spirituale, « va oùs’ tu pourras aller » ou Adjuvandum, « belle jument d’homme ». Le mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa, se changeait en « Racule pas ! Racule pas ! voyons, Maxime, racule pas ! »

Le Pater Noster était trituré de la même façon : Qui es in coelis devenait « qui est-ce qui sait lire », Sanctificetur nomen tuum, « son p’tit-fils Arthur ramène-t-y l’homme », Sicut in coelo et in terra, « si tu t’salis, salaud, tu t’néterrras ». Et ainsi sans broncher jusqu’à Sed libera nos a malo, qui devenait, en passant par je ne sais quelle filière, « de Saint-Morissette à Saint-Malo ».

Robinson avait toutes les peines du monde à ne pas rire. Il pinçait les lèvres et ses épaules tremblaient en secousses. Il décida de sortir pour attendre le portier à sa sortie.

Quelques minutes plus tard, la messe se termina et les étudiants descendirent le perron en désordre. Le portier arriva dehors en premier. Don l’interpella en lui demandant : « c’est bien vous le portier ? »

— C’est ben moé. Livier Chouinard, pour vous sarvir.

— Vous connaissez tous ces jeunes-là, dit Don en montrant les étudiants qui sortaient.

— Les petits gars ? Cé sûr. Il faut ben. C’est moé le portier. Faut que je sache quand y sortent, pis quand y rentrent. C’est des v’limeux des fois, ces petits gars-là.

— Donc, vous les connaissez tous par leur nom. Pouvez-vous me dire où est Antoine Caron ?

— Y’é pas là. 

— Où est-il alors ?

— Y é là, dit Chouinard en indiquant la Cathédrale. Y fa le sous-diac pour Monseigneur.

Devant l’air dubitatif des deux hommes, Chouinard se crut obligé de donner une explication qui n’en était pas une.

— Ben, c’t’à cause des reliques.

Désespérés d’en savoir plus, les détectives se dirigèrent vers l’entrée de la cathédrale. De nombreux hommes, des dignitaires sans doute, sortaient par les grandes portes de l’église et descendaient les quelques marches du perron. Robinson interpella l’un des derniers participants à la cérémonie qui venait de se terminer.

— Que s’est-il passé à l’église ?

L’homme le regarda, un peu surpris, en remettant son chapeau haut de forme.

— Vous n’êtes pas au courant ? Ah, je vois que vous n’êtes pas d’ici. Le Canada peut être très fier d’accueillir les reliques des 26 martyrs japonais qui viennent d’être canonisés par le pape. Mgr Baillargeon y était et il a eu le privilège de rapporter au Canada quelques reliques des saints que l’on vient d’installer dans la cathédrale.

— Merci, monsieur.

L’homme leva son chapeau en guise de salut et repartit d’une démarche digne et noble pendant que Robinson et Don entrèrent dans le bâtiment. Cette église, l’une des plus vieilles du Nouveau-Monde, était sans aucun doute la plus belle du Canada. D’inspiration française, elle avait été plusieurs fois reconstruite à cause des incendies et du bombardement des Anglais lors de la conquête. On avait confié à deux générations de Baillargé les rénovations qui se sont étendues jusqu’à 1822. La voûte de la nef était un arc en plein cintre. De courtes colonnes carrées ouvragées supportaient les voûtes du bas-côté. On apercevait un magnifique retable dans le chœur ainsi qu’un entablement supporté par des pilastres plaqués sur le mur, eux-mêmes soutenus par des socles. Des écoinçons et des panneaux étaient ornés de motifs sculptés. Un superbe baldaquin ouvragé en bois complétait l’ensemble.

Don savait où aller pour rejoindre la sacristie. Les deux détectives empruntèrent le bas-côté de gauche et se dirigèrent vers le fond de l’église. La porte de la sacristie était restée ouverte. Ils entrèrent dans un vaste espace dont les murs étaient couverts de panneaux de bois qui servaient à entreposer les vêtements liturgiques. Un très grand meuble de trois pieds de hauteur avec de vastes tiroirs en dessous laissait voir une surface de bois vernis. C’est là que l’on préparait les vêtements liturgiques lors des cérémonies.

Un jeune homme s’affairait autour du meuble à plier des vêtements avec soin et délicatesse. Il avait déjà retrouvé son vêtement de séminariste : grande redingote sombre descendant jusqu’aux genoux, ceinturon de même couleur, pantalon noir, chemise blanche et boucle noire. Le visage du jeune homme au teint livide était taillé à la serpe, avec un nez aquilin et des lèvres minces. Deux yeux noirs, profondément entrés dans leur orbite, qui lui donnaient un regard fiévreux.

— Antoine Caron ?

Le séminariste leva la tête de son ouvrage, surpris d’entendre nommer son nom. Il regarda les deux hommes en disant : « Oui, c’est moi, qui me demande ? »

— Nous sommes des détectives de la police de Québec. Nous voudrions te parler.

— Que me voulez-vous ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Voulez-vous que j’aille chercher mon directeur de conscience ?

Le jeune homme esquissa un mouvement vers la sortie.

— Ce ne sera pas nécessaire, Antoine. Nous voulons seulement te parler.

Le jeune homme s’arrêta et revint vers les détectives. Il n’était déjà pas très grand, mais on aurait dit qu’il avait rapetissé en présence des deux hommes.

— Que me voulez-vous ? demanda-t-il.

— Nous voulons seulement obtenir quelques informations, dit Robinson.

— À propos de quoi ? Je ne sais rien. Je ne sors presque jamais d’ici. Je dois me protéger du monde.

— Pourtant, ne vous arrive-t-il pas d’assister à des spectacles ?

— Qu’est-ce que vous dites là! Nous n’avons pas le droit !

— Pourtant, vous organisez des pièces de théâtre au Séminaire ?

— Oui, mais ce sont des pièces saintes qui respectent les bonnes mœurs. Les pièces de théâtre présentées à l’extérieur sont immorales.

— Parce qu’il y a des actrices ?

Le visage du jeune homme s’allongea, comme si cela était encore possible.

— Pas seulement. Il y a des paroles et des gestes qui sont contraires à la pudeur. Certaines pièces de théâtre sont vraiment obscènes. On ne respecte ni la vertu ni la sainteté du mariage. On y pèche mortellement lorsqu’on y assiste.

— Dis donc, Antoine, tu sembles t’y connaître en spectacles ?

Cette fois le visage du jeune homme rosit comme quelqu’un pris en défaut.

— C’est vrai que j’ai dû assister par obligation à certains spectacles, avec la permission de mon directeur de conscience évidemment. Je n’en étais pas très content, mais il fallait le faire. Quand on est confronté à Satan, il vaut mieux bien le connaître afin de l’attaquer et de le détruire.

— Tu as déjà assisté à des spectacles ou à des conférences au Music Hall ?

Le séminariste semblait de plus en plus mal à l’aise. Il se dandinait d’un pied sur l’autre.

— Oui, je connais cet antre du péché.

— Y as-tu déjà rencontré Mme O’Connell qui est gérante de l’établissement.

— Mme O’Connell, oui… C’est elle qui est morte ?

— C’est bien cela.

— Elle a eu ce qu’elle méritait, dit le jeune homme avec la rage dans les yeux.

Les deux détectives n’en revenaient pas. Ils avaient rarement vu un suspect manquer autant de prudence en risquant de s’incriminer de la sorte.

— Tu es donc satisfait qu’elle soit décédée ?

— Elle était en état de péché mortel. De plus, et c’est grave, elle entraînait beaucoup d’autres dans son sillage. J’espère qu’elle a eu le temps de se confesser avant de mourir, sinon son âme brûle désormais en enfer.

— Non, Antoine. Je ne crois pas qu’elle ait eu le temps de se confesser. Tu en penses quoi, toi ?

— Je n’en sais rien, je n’étais pas là.

Robinson fixa le jeune homme dans les yeux d’un regard intimidant. Son interlocuteur devait avoir l’impression que le détective voyait au fond de lui.

— Tu n’étais pas là ?

— Non, pourquoi me demandez-vous cela ?

— Tu savais où Mme O’Connell habitait?

— Pas du tout. Je l’ai rencontré seulement au Music Hall.

— Tu lui parlais quand tu la voyais ?

— J’essayais d’avoir le moins de contacts possible avec elle. Nous apprenons au séminaire à nous méfier des femmes. Plus vous êtes proche d’une pécheresse, plus votre âme est en danger de péché mortel. 

— Mais il se peut que tu lui aies parlé, non ?

— Non. Je l’observais afin de comprendre comment Satan s’y prend pour nous séduire.

— Donc, tu ne t’es pas laissé prendre ?

— J’avais toujours mon chapelet et mon scapulaire sur moi. Je ne craignais rien.

— Tu détestais Mme O’Connell ?

— Je détestais le démon en elle.

— Peut-être cherchais-tu à la sauver en la débarrassant de Satan ?

— J’aurais bien aimé, mais je ne suis pas un exorciste.

— Tu aurais pu trouver d’autres moyens que l’exorcisme… en la faisant disparaître, par exemple.

Le jeune homme semblait ne pas comprendre ce que Robinson venait de dire.

— Tu aurais pu la tuer ?

— La tuer ? Mais cela aurait été un meurtre…

— Tu m’as dit pourtant il y a un moment qu’elle avait eu ce qu’elle méritait.

— C’est certain qu’elle méritait de mourir, car elle ne voulait pas se repentir. C’est ce qu’on faisait autrefois aux sorcières qui ne voulaient pas se convertir.

— Tu as peut-être pu vouloir faire la même chose avec elle ?

Le jeune homme regardait par terre et garda le silence. Il finit par ajouter :

— L’un des dix commandements dit : « tu ne commettras pas de meurtre ». Vous connaissez les commandements de Dieu, n’est-ce pas ?

— Il y a des exceptions, non ?

— Pas pour un bon catholique. Il faut respecter tous les commandements de Dieu sans exception.

Les deux détectives regardèrent le jeune homme qui semblait avoir réponse à tout.

— Où étais-tu samedi il y a deux semaines ?

— Samedi il y a deux semaines, comme tous les samedis avant et après, j’étais ici au séminaire.

— Le matin aussi ?

— Certainement. Nous nous levons tôt, nous faisons Laudes, nous assistons à des cours de théologie, nous assistons à la messe. Nous n’avons pas une minute à nous.

— Tu n’es donc pas sorti en cachette du séminaire ?

— Évidemment pas. Je respecte à la lettre les horaires de notre formation. C’est la seule façon de me sanctifier.

— Nous vérifierons.

— Ce sera facile à faire, vous verrez. Vous avez d’autres questions ?

— Pas pour maintenant, mais je te prierais de rester à notre disposition.

— Où voulez-vous que j’aille ?

Les deux détectives ressortirent par où ils étaient venus et se dirigèrent vers le poste de police.

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