Faubourg- Chapitre 1

Les Boys du télégraphe

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L’incendie avait commencé dans une étable du faubourg Saint-Louis à Québec. Il s’était propagé à la vitesse de l’éclair, poussé par des vents violents.

Les cloches des églises sonnaient à toute volée. Des sapeurs-pompiers volontaires arrivaient de toutes parts. Munis de trompettes et de tambours, ils sonnaient la charge. À cet appel, tous les hommes et les jeunes gens préposés à cette besogne se rendirent sur les lieux. L’heure était grave. Les maisons construites principalement en bois brûlaient comme des fétus de paille. 

La rue Scott devenait déjà un brasier géant. L’année précédente, en 1861, cette rue avait subi le même sort lors du grand incendie du faubourg Saint-Jean. On avait reconstruit les maisons à l’identique. Décidément, aucune leçon n’avait été retenue de ce désastre !

La pompe à bras de la maison de pompes du faubourg Saint-Louis ne suffirait sûrement pas. On avait fait venir celle de la Haute-ville, près de la Cathédrale, et une autre, plus près, du Morrin College. Les pompes à bras du Cap-Blanc et de la rue Cul-de-Sac avaient été attelées en vitesse afin qu’elles montent plus rapidement par la Côte de la Montagne.

Les sapeurs-pompiers connaissaient leur métier. Ils avaient tout de suite commencé à actionner les pompes à bras disponibles, ce qui n’était pas une mince affaire. Les hommes devaient se relayer toutes les quinze minutes tellement le travail était épuisant. D’autres tenaient fermement les boyaux d’où l’eau surgissait au rythme de l’action incertaine des pompes. La manœuvre était nettement insuffisante pour calmer les flammes. 

D’aucuns s’affairaient avec tous les outils disponibles. On utilisait des gaffes et des échelles afin de détruire des pans entiers de murs, espérant de la sorte créer un espace coupe-feu. Certains transportaient de l’eau à l’aide de barriques et de sceaux. On formait une chaîne humaine pour atténuer quelque peu la force de la fournaise. Mais le feu progressait, hors de contrôle.

Le chaos régnait dans les rues. Tout le monde se bousculait à qui mieux mieux. Dans tout ce brouhaha, un vieux vagabond ressortait du lot, produisant sans le vouloir un peu de burlesque dans cette tragédie. Il paraissait connu de tout le monde. On le voyait zigzaguer d’un côté à l’autre, montrant le poing en battant l’air de son gourdin, tantôt poussant des hurlements de défi, tantôt courbant le dos sous les huées des enfants qui lui criaient : « Grelot ! Grelot ! Grelot ! ». Le malheureux, étranglé de fureur et l’écume aux lèvres, courait, essoufflé, suant, clopinant, butant. Il lançait à droite et à gauche je ne sais quelle malédiction qui se perdait dans les cris et les rires dans cette atmosphère chaotique. Enfin, le malheureux, épuisé et hors d’haleine, trébucha sur un pavé et tomba sur les genoux, continuant à lancer des imprécations de plus belle.

Les habitants des maisons qui ne brûlaient pas encore sortaient en courant, en emportant le strict minimum. Les enfants aux mains ou au bras de leur mère pleuraient ou criaient. Les hommes regardaient d’un air incrédule l’embrasement qui s’élevait dans le crépuscule, détruisant leurs misérables demeures. 

Des soldats venus en renfort de la Citadelle et des Nouvelles Casernes prêtaient main-forte aux quelques policiers qui essayaient tant bien que mal de contrôler la foule. On allait de porte en porte afin d’évacuer ceux qui n’avaient pas encore pris conscience du désastre. Lorsque la plupart des maisons du quartier furent vidées, on se dirigea vers l’Asile du Bon Pasteur afin de l’évacuer. L’édifice récent était construit solidement en pierres. Les sœurs et leurs pensionnaires refusèrent tout net de partir. Elles disaient avoir prié pour que le feu n’atteigne pas leur bâtiment. Leurs prières avaient été exaucées, car l’incendie s’était arrêté net en léchant les murs extérieurs de l’habitation.

Les policiers et les soldats se rendirent tout de même sur la rue Saint-Louis pour prévenir les habitants de la terrasse Stadacona. Ces maisons en rangée donnaient l’illusion d’un seul et même bâtiment aux allures de palais, grâce notamment au fronton central. Elles avaient été construites quelques années auparavant en pierres de taille grises et étaient évidemment peu susceptibles de s’enflammer. Toutefois, il ne fallait pas prendre de risque. On alla cogner à chaque porte pour demander aux habitants d’évacuer le plus rapidement possible.

Arrivés au numéro 634, le policier et le soldat qui l’accompagnait furent étonnés de trouver la porte entrouverte. Le soldat s’apprêta à tourner les talons, mais le policier eut des doutes. Il entra en criant : « Y-a-t’y quequ’un ? ». Il s’avança plus avant dans le corridor et arriva au salon. Une surprise de taille l’attendait : une femme habillée d’une robe de sortie gisait par terre, le visage ensanglanté. 

Elle était morte.

***

Quelques jours après l’incendie du Faubourg Saint-Louis à Québec, un coursier à vélo filait à toute vitesse dans les rues de Montréal. Le boy, comme on appelait les jeunes messagers du Montreal Telegraph Company, pédalait avec vigueur sur un vélo robuste, son menton touchant presque le guidon. Le visage juvénile exprimait l’effort. Il portait un semblant d’uniforme et une casquette vissée sur la tête. Il ne devait pas avoir plus de 12 ou 13 ans.

La bicyclette roulait à vive allure, contournant les passants et les voitures à chevaux avec une habileté diabolique. Vraisemblablement, ce n’était pas la première fois qu’il enfourchait son vélo pour livrer un télégramme. Il y avait bien une trentaine de ces adolescents énergiques engagés par la compagnie de télégraphe qui avait depuis récemment pignon sur rue à Montréal. Ces boys gagnaient bien leur vie, aussi bien qu’un ouvrier qui travaillait au canal Lachine.

Le garçon filait maintenant sur la rue Sainte-Catherine après avoir pris sa commande sur la rue Saint-François Xavier à Montréal, là où il avait attendu avec d’autres de se démener pour aller porter un télégramme. Il avait fait vite et arrivait maintenant au coin de l’avenue McGill College en évitant de justesse un piéton qui lui cria : « Attention, petit malotru ! ». Il n’entendait rien tellement il était pressé d’arriver à bon port. Il s’engagea dans cette grande avenue nouvellement ouverte pour mener au McGill College sur le flanc du mont Royal. Cette institution était la première Université du Canada. 

Le cycliste s’arrêta brutalement devant l’une des adresses de la série de maisons en rangée de cette avenue prestigieuse : le Mount Royal Terrace. On y avait construit très récemment des maisons en rangée de type Terrace House britannique destinées à accueillir les familles bourgeoises. L’adresse devant laquelle le boy s’était arrêté ressemblait à la vingtaine d’autres qui lui était accolée. L’édifice comportait trois étages et un rez-de-chaussée en demi-sous-sol. Tout en briques rouges, il y avait trois grandes fenêtres par étage, ce qui compensait en luminosité le fait que les deux côtés avaient des murs aveugles. La corniche ouvragée à la largeur de l’immeuble était reproduite au-dessus du porche d’entrée. On accédait à la maison par un escalier en pierres de plusieurs marches. Une belle particularité de ces maisons était le petit balcon à la française avec colonnades sculptées qui ouvrait sur l’étage noble. Les habitants pouvaient donc sortir pour se faire voir ou encore examiner la rue et le voisinage.

Le jeune messager sortit un télégramme de la besace qu’il portait sur le côté, examina avec attention l’adresse et s’apprêta à sonner.

Le salon était meublé avec élégance, mais sobrement : Murs de papier peint, quelques peintures encadrées sur les murs, un beau foyer en marbre ouvragé, quatre fauteuils recouverts d’un tissu neutre, un lustre en cristal d’où ressortaient une demi-douzaine de bougies. Deux lampes à kérosène encadraient un grand miroir. Un piano droit jouxtait l’un des murs aveugles tandis que l’autre, le plus grand, était rempli de livres du plancher au plafond. La simplicité de l’endroit contrastait avec certains salons modernes, encombrés et criards.

L’homme et la femme étaient assis dans des fauteuils placés de biais. Ils lisaient un livre tous les deux. 

— Qu’est-ce que tu lis, Silas ?

— Comme d’habitude, je relis une tragédie grecque.

— Laquelle donc ?

— Elle est sans doute la moins connue de Sophocle : Philoctète. Ça raconte l’histoire d’un héros de guerre qui a été blessé à un pied. Il était tellement mal-en-point qu’on décida de l’abandonner sur une île déserte et de l’oublier là. Or il y avait un problème : il avait en sa possession les armes d’Achille qui étaient nécessaires pour gagner la guerre de Troie. Ulysse a donc fait ce qu’il faisait le mieux, c’est-à-dire manipuler les autres. Il a envoyé le fils d’Achille pour reprendre ses armes. Tout le drame se joue autour de ce héros jeté comme une vieille chaussette lorsqu’il devient inutile. Il a tout donné à sa patrie, mais il est abandonné par son chef et ses troupes. Belle leçon sur le peu d’importance que nous avons pour nos semblables, tu ne trouves pas ? 

Le couple garda le silence encore un moment. De temps à autre, ils portaient alternativement à leurs lèvres un verre à Cognac dans lequel miroitait un beau liquide ambré. Ils préféraient prendre cette boisson à l’apéritif.

— Ce qu’il est bon ce Cognac ! dit l’homme. Tu sais que c’est toi qui m’as fait connaître cet élixir.

— C’est bien vrai. En vrai British, tu ne jurais que par le whisky.

— Tu vois comment tu as de l’influence sur moi.

— Sur ce qui fait ton affaire, bien sûr…

L’homme et la femme sourirent de bon cœur ensemble. Depuis qu’ils étaient mariés, il y avait de cela huit ans, ces deux-là ne cessaient de se taquiner et c’est Rosalie qui avait toujours le dernier mot.

Silas Robinson était le détective en chef de la ville de Montréal depuis de nombreuses années. C’était un homme imposant qui portait bien sa mi-quarantaine. Il avait les cheveux courts ondulés et bruns. Une magnifique moustache handlebar aux coins recourbés à la cire caractérisait son visage. Des yeux bruns sous d’épais sourcils devaient être impressionnants pour les nombreux vauriens qu’il interpellait. 

Rosalie, son épouse, était veuve lorsqu’il l’avait rencontrée lors d’une enquête. Elle avait déjà deux enfants maintenant presque adultes. L’un, Aimé, étudiait le droit à l’Université McGill et l’autre, Thérèse, était en pension chez des sœurs de la Congrégation Notre-Dame, le collège pour filles que Rosalie avait elle-même fréquenté autrefois.

La cloche de l’entrée sonna. 

— Qui cela peut-il bien être à cette heure-ci ? demanda Rosalie.

Elle se leva et alla répondre à la porte. On entendit une conversation étouffée et Rosalie revint avec un pli dans la main. C’était un télégramme adressé à Silas. Il n’était pas courant pour lui de recevoir un télégramme à sa maison privée. Les communications se faisaient toujours au poste de police. Il brisa le cachet et l’ouvrit. Il resta un instant interdit.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Rosalie.

Le détective lui tendit le télégramme. Il y était écrit : « Venez à Québec. Stop. Urgent. Stop. N’en parlez à personne. Stop ».

— De quoi s’agit-il, Silas ?

— Je n’en sais rien.

— Qui est ce Nolan Keating ?

— C’est l’adjoint de mon confrère de Québec, Patrick O’Connell.

— Ah oui, Patrick. C’est le détective en chef de la ville de Québec avec qui tu as travaillé lors de l’enquête sur le meurtre du militaire à la Caserne des Jésuites l’année dernière.

— Celui-là même. L’un des meilleurs policiers que je connaisse et sûrement le meilleur à Québec.

— Tu as gardé de bons liens avec lui ?

— Tout à fait. En réalité, je lui ai même proposé à un moment de venir travailler avec moi à Montréal.

— Et alors ?

— Il ne m’en a jamais reparlé.

— C’est bien lui que nous avons reçu pendant le temps des fêtes avec sa charmante épouse… Andréa…

— … Alma…

— Oui, c’est ça : Alma ! Très gentille, cette femme. Cultivée aussi. Si je me souviens bien, elle s’occupe d’une salle de théâtre à Québec.

— Oui, le Music Hall

Silas garda le silence en fronçant les sourcils.

— Je me demande pourquoi ce n’est pas lui personnellement qui m’écrit ce télégramme. Il se passe quelque chose à Québec avec Patrick, cela me paraît évident.

— C’est bizarre en effet ! Son adjoint veut que tu ailles à Québec et il ne te donne pas d’explication. 

— Précisément ! Pourquoi n’est-ce pas Patrick qui m’écrit ?… Le mot « Urgent » m’inquiète.

— Pourquoi ne pas lui envoyer un télégramme ?

— Je ne sais pas trop entre quelles mains mon télégramme tomberait. Ce serait risqué étant donné que Nolan a averti de n’en parler à personne. Non, il se passe quelque chose de sérieux.

— Vas-y alors.

— J’ai tout de même quelques affaires en cours.

— Tu peux les laisser à Émile.

Émile Leclerc était son adjoint, membre de l’équipe de détectives de Montréal avec Jack Kelly et Robert Morin.

— Tu as raison. Il faut que j’en aie le cœur net. Émile est en mesure de gérer les affaires courantes. J’irai demain au bureau les avertir que je prends le train pour Québec.

***

Robinson avait mal dormi. Il restait sur un mauvais pressentiment après avoir reçu le télégramme de Nolan Keating. Il savait que ce dernier, un excellent détective au demeurant, ne l’avait pas alerté pour des banalités.

Il fit ses ablutions et prit un déjeuner. Il s’habilla d’un habit de voyage, fit son baluchon et embrassa son épouse : « Je ne resterai sans doute pas longtemps à Québec ». Elle lui répondit : « Fais ce que tu dois faire. Patrick est un ami après tout et entre amis, il faut s’aider. »

À l’extérieur, il héla un cab et arriva une vingtaine de minutes plus tard au marché Saint-Jacques. En s’engageant sur la place, il salua d’un petit coup de tête l’amiral Nelson qui trônait au sommet de sa colonne. Le cab se fraya difficilement un chemin à travers les comptoirs, charretiers, chevaux et vendeurs de toutes sortes pour arriver finalement au poste de police situé dans l’édifice Bonsecours sur la rue Saint-Paul.

Après être descendu et avoir payé le cocher, il entra en saluant le planton et grimpa les escaliers pour arriver à son bureau.

Il fut accueilli par ses trois collègues : Leclerc, Kelly et Morin. Ceux-ci l’attendaient, peu habitués de le voir arriver en retard. Leclerc semblait plutôt déstabilisé en voyant son chef avec un bagage à la main.

— Eh bien, chef, on va quelque part ?

— Oui justement, je passais en coup de vent prendre quelques affaires. Je dois me rendre à Québec.

— Mais… Nos affaires en cours ? Nous étions justement en train de nous en parler avant que vous arriviez.

— À ce que je sache, il n’y a pas tellement de choses urgentes.

— Pas vraiment, c’est vrai. Quelques bagarres, une ou deux arrestations pour vol, la routine quoi.

— Alors, Leclerc, tu vas être en mesure de t’occuper de cela. N’est-ce pas ?

— C’est certain… Mais qu’allez-vous faire à Québec ?

— Je ne sais pas.

— Comment « vous ne savez pas » ?

— Il se passe quelque chose avec mon collègue O’Connell, mais je ne sais pas quoi.

— O’Connell ! Le détective de Québec ?

— Celui-là même.

— Il vous a écrit ?

— Justement non. C’est son adjoint qui m’a envoyé un télégramme. Il y avait un caractère d’urgence dans le ton… et je n’aime pas cela.

— Alors, allez-y. Ne vous inquiétez pas. Nous allons garder le fort.

— Je ne serai pas long. Ce n’est peut-être rien du tout. À bientôt… Et ne faites pas de bêtises en mon absence.

— Voyons, chef, vous nous connaissez, dit Kelly, le plus turbulent des membres de son équipe.

— Oui, justement.

Tous rirent de bon cœur.

Robinson redescendit l’escalier, sortit et héla un autre cab.

— À la gare Montreal & Lachine.

On appelait encore de cette façon la gare située sur la rue Peel bien qu’elle était louée au Grand Trunck Railways. Depuis la mise en service du pont Victoria l’année dernière, le Grand Trunck pouvait faire circuler ses trains directement de Sarnia, au sud du lac Huron dans le Haut-Canada, jusqu’à Rivière-du-Loup dans le Bas-Canada. Le train était maintenant le moyen le plus rapide de se rendre de Montréal à Québec. Le trajet en diligence était nettement plus long, surtout par mauvais temps, tandis que le bateau à vapeur, plus confortable, prenait encore une douzaine d’heures de trajet. On gagnait donc plusieurs heures par le train.

Robinson avait apporté un bon livre pour passer le temps, comme c’était son habitude. Le train partit de la gare tout lentement et se dirigea vers le pont Victoria qu’il traversa dans un bruit d’enfer. En effet, on avait posé une structure fermée en métal sur le tablier du pont qui donnait l’impression de s’engager dans un tunnel sombre interminable. À la sortie du pont, la locomotive s’arrêta une bonne demi-heure à Longueuil pour attacher des wagons supplémentaires, puis elle repartit pour Québec.

Après cinq ou six heures à se faire bringuebaler sur un siège inconfortable, Robinson aperçut enfin l’impressionnant Cap-Diamant que Charles Dickens avait surnommé le « Gibraltar de l’Amérique du Nord ». Le train s’arrêta à la gare de l’Anse-Tibbits à Lévis. Le traversier Polaris attendait les voyageurs pour les amener sur la rive nord du Saint-Laurent.

Le traversier prit une bonne demi-heure pour arriver jusqu’au quai Richelieu, poussé comme il l’était par le fort courant du fleuve. Le marché Champlain bouillonnait d’activités devant la grande Halle nouvellement construite. Robinson héla de nouveau un cab et demanda à se rendre à l’hôtel Saint-Louis, là où il était descendu l’année dernière. On l’accueillit avec courtoisie, même s’il n’avait pas envoyé de télégramme pour avertir de son arrivée. On lui donna la même chambre que l’année précédente. Le détective déposa son baluchon et prit à peine le temps de se rafraîchir et de lisser les coins de sa moustache avec de la cire. Il mit son chapeau et repartit vers le poste de police de la rue Saint-Joachim, là où il savait pouvoir trouver Nolan.

Il décida d’aller par un autre chemin que la rue Saint-Louis où se trouvait l’hôtel de ville. Étant donné l’avertissement de Nolan, il ne voulait surtout pas que le chef de police Jean-Baptiste Bureau soit au courant de sa venue. Préférant passer par le Marché de la Haute-Ville, il longea la Caserne des Jésuites où il avait enquêté l’année précédente, puis s’engagea sur la belle rue Saint-Jean. Il finit par arriver sur la rue Saint-Joachim et reconnut sans peine la « boîte à savon » du poste de police. Il entra et s’annonça au planton de service.

Après quelques minutes d’attente, il vit arriver Nolan qui descendait l’escalier. 

— Ah, vous êtes venu, M. Robinson. Je vous en remercie grandement.

— Ton télégramme était un peu inquiétant. Que se passe-t-il donc ?

— Pas ici !

Nolan l’invita à sortir avec lui. Les deux hommes firent une petite promenade jusqu’à une auberge située sur une rue parallèle de la rue Saint-Jean.

— C’est mon petit coin secret, dit-il. Ici, nous serons tranquilles.

Ils entrèrent, trouvèrent une table au fond de l’auberge et commandèrent une bière.

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